Extraits 2

23316662 1711426112221330 6275773020372342106 n"Oublie tes rêves, trouve ta place"

L’impression d’avoir loupé le coche, de ne pas être à ma place, me taraude. A Paris, je n’y ai jamais été. Je m’y sens seul,  je suffoque, j’ai besoin d’air. Au travail, dans le mélodrame que je pressens, je crains de finir par endosser un rôle de cocu ! Quant à mon couple, des divergences de vues le fragilisent. Hors de moi, au propre comme au figuré, je suis comme ce brin de persil au fond d’un évier. Il résiste, mais finira par disparaitre si la bonde est lâchée… Je cherche ma place. Où est-elle parmi tous ces possibles, souvent contradictoires et l’aurais-je saisi si je l’avais trouvée ? Comment éviter de se complaire dans la rêverie devant tant de perplexité ? 

 

Au lieu-dit La Capelière, le Vaccarès, ce seigneur des étangs,  se présenta dans toute sa splendeur. Une énorme masse d’eau s’offrit à moi, en bordure de route. Assis sur un bloc de pierre, placé là comme à mon intention, de fines vaguelettes vinrent me lécher les pieds. Elles s’avançaient, en rangs serrés et, par je ne sais quel subterfuge, semblaient m’inviter à aller au-devant d’elles. Leur clapotis régulier  m’incitait à la méditation et au recueillement. Seuls, les grommellements rauques d’un groupe de flamands parvinrent à me tirer d’une torpeur agréable. Venus se poser à peu de distance, à la demande de je ne  sais quel imprésario, ces spécialistes de la danse me proposèrent, en guise de ballet, un aperçu de leur parade nuptiale.

Dans le scintillement des eaux, ils se déplaçaient, en cadence, en étirant leur cou. Puis, dans un mouvement d’ensemble étonnant, ils semblaient se saluer en esquissant avec un vis-à-vis une sorte de révérence. Ils déployaient si bien leurs ailes que,  par moment, je croyais voir une peinture au couteau où le rose vif dominait. De gracieuses courbettes signèrent la fin de la représentation. Eberlué,  j’attendis que le soleil décide d’éteindre les feux de la rampe pour quitter les lieux.

 

Oublie tes rêves, trouve ta place ! Chacun en a une, parfois cachée sous un monceau de préjugés, oblitérée par je ne sais quelles chimères.  je n’aurais [désormais] cédé la mienne pour rien au monde.

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